Combien de planètes nous faudrait-il pour maintenir notre rythme de consommation actuel ?
Et si la réparation, la sobriété et la traçabilité devenaient les piliers de l’économie de demain ?
Peut-on concilier croissance économique et consommation responsable grâce à l’innovation ?
L’avenir de la consommation est un véritable enjeu d’investissement. Mieux consommer, c’est moins gaspiller, moins extraire… et mieux construire le monde de demain. Il s’agit d’une des grandes mutations à l’œuvre dans nos sociétés, et une des 7 méga-tendances d’investissement identifiées par KIMPA pour 2025.
Cette tendance englobe tout ce que nous consommons et utilisons au quotidien — vêtements, cosmétiques, électroménager, smartphones — et toute la chaîne de valeur, de l’extraction des matières premières à la gestion des déchets, en passant par l’industrie.
Aujourd’hui, notre modèle de consommation est insoutenable : il génère à lui seul 29 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et en 2024, il nous faudrait 1,7 planète pour soutenir le rythme d’extraction, de production et de gaspillage de l’humanité.
Mais cette crise peut comporter des opportunités. Car de nouvelles solutions émergent, portées par l’innovation, la pression réglementaire, et l’évolution des comportements des consommateurs.
À travers cette grille de lecture, nous avons identifié quatre grandes catégories de solutions investissables par nos clients en 2025 :
- Réparation et réemploi
- Alternative aux plastiques
- Optimisation de l’utilisation des ressources
- Innovations dans les chaînes d’approvisionnement
Mais avant de détailler ces opportunités, il est essentiel de comprendre les enjeux et dynamiques économiques à l’œuvre.
Enjeux : un système de consommation à bout de souffle

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La consommation telle qu’elle fonctionne aujourd’hui exerce une pression massive sur les ressources naturelles et le climat. En 2019, près de 49,6 gigatonnes de CO₂ équivalent ont été émises dans le monde ; environ 29 % de ces émissions étaient directement liées à la consommation — qu’il s’agisse de l’industrie, des déchets, ou du transport.
Parmi les secteurs les plus émetteurs, la mode occupe une place singulière : elle représenterait à elle seule jusqu’à 8 % des émissions globales. À l’échelle géographique, la Chine concentre le plus fort impact, avec environ 10 gigatonnes de CO₂ équivalent/an lié à la consommation, pour une population de près de 900 millions de consommateurs actifs.
Mais au-delà des chiffres, c’est l’impact systémique de nos modes de consommation qui interpelle. Ils affectent 6 des 9 frontières planétaires identifiées par les scientifiques : extraction de ressources, pollution plastique, production de déchets, raréfaction de l’eau, perte de biodiversité, etc.
Pourtant, le potentiel d’action est à la hauteur du défi. D’après le Drawdown Project, ce sont jusqu’à 166 gigatonnes de CO₂ équivalent qui pourraient être évitées ou séquestrées d’ici 2050, en misant sur des leviers connus : économie circulaire, amélioration de l’efficacité industrielle, technologies de recyclage, ou encore sobriété d’usage.
Dynamique : l’économie circulaire comme opportunité
La transformation de nos modes de consommation est en cours, et les signaux de marché en témoignent.
En Europe, les produits issus de l’économie circulaire enregistrent déjà une croissance annuelle comprise entre 10 et 15 %, et pourraient représenter jusqu’à 35 % des biens consommés d’ici 2030. Cette mutation est portée par un alignement de trois forces majeures.
D’abord, la demande des consommateurs évolue : selon Capgemini, 64 % des consommateurs de l’OCDE considèrent désormais la durabilité comme un critère décisif dans leurs choix d’achat.
Ensuite, les régulations s’intensifient. De la directive européenne sur les emballages à l’introduction prochaine du passeport digital produit, les normes imposées aux fabricants renforcent la nécessité de concevoir des produits plus sobres, réparables, traçables. Enfin, l’innovation accélère cette transformation, notamment grâce à la digitalisation, à l’intelligence artificielle et à l’émergence de nouveaux matériaux plus durables.
Au-delà des enjeux écologiques, cette transition représente une opportunité économique considérable. Rien que dans l’Union Européenne, selon la fondation Ellen MacArthur, l’optimisation des ressources pourrait générer jusqu’à 630 milliards de dollars d’économies annuelles pour les entreprises.
Mais cette dynamique, aussi prometteuse soit-elle, n’est pas exempte de défis. Tous les modèles ne sont pas viables. Les entreprises trop dépendantes aux subventions ou avec des structures trop gourmandes en capital (CAPEX) peuvent rebuter les investisseurs.
Et le fameux “green premium” — ce surcoût que les consommateurs doivent parfois assumer pour des produits durables — reste un frein à une adoption massive.
Pour KIMPA, la clé réside dans une approche pragmatique : privilégier les entreprises agiles, aux modèles économiques éprouvés, et les solutions “asset light” capables de croître rapidement sans lourde infrastructure.
Consommer : quelles sont les solutions investissables pour des investisseurs privés et familiaux ?
KIMPA a identifié 4 types de solutions investissables pour répondre aux enjeux liés à la consommation en 2025.
1- Réparation et réemploi
La première réponse concrète à cette tendance est sans doute la montée en puissance des modèles fondés sur le réemploi et la réparation. Le succès des plateformes de produits reconditionnés ou de seconde main comme Refurbed ou Backmarket témoigne de cette évolution. Soutenue par la réglementation européenne sur l’écoconception, cette dynamique s’accompagne d’une réelle structuration du marché : entre 2 et 5 milliards d’euros ont été investis dans des startups de ce secteur entre 2020 et 2024 (Dealroom).
Pour les investisseurs, ces modèles offrent souvent des fondamentaux solides : une rentabilité prouvée, une scalabilité importante et une réponse claire à un besoin sociétal.
KIMPA privilégie dans ce domaine des entreprises avec des modèles économiques éprouvés, souvent via des fonds spécialisés comme Eutopia VC, afin de mutualiser le risque tout en maximisant l’impact.
2- Alternative aux plastiques
L’autre levier majeur concerne les alternatives aux plastiques, en particulier dans l’univers de l’emballage. La réglementation européenne devient un moteur essentiel de transformation : interdiction progressive des emballages à usage unique, obligation de recyclabilité, restrictions sur les substances dangereuses. L’impact potentiel est massif : jusqu’à 166 millions de tonnes de plastiques pourraient être évitées d’ici 2050, soit environ 5 gigatonnes de CO₂ (Drawdown Project).
Dans ce domaine, l’innovation prend souvent la forme de technologies de rupture, combinant matériaux biosourcés, logiciels d’écoconception, ou encore packaging intelligents.
C’est le cas de One.five, startup allemande soutenue par KIMPA, qui développe un moteur d’analyse pour concevoir des emballages à faible impact. Sa solution permettrait de réduire jusqu’à 75 % des émissions liées aux emballages pour les marques, avec un fort potentiel commercial. Un exemple concret où performance financière et extra-financière vont de pair.

3- Optimisation de l’utilisation des ressources
Face à une consommation annuelle de plus de 100 milliards de tonnes de ressources dans le monde (programme pour l’environnement de l’ONU), l’enjeu de l’efficience est devenu central. Entre l’épuisement des matières premières, les tensions géopolitiques et l’accélération du dérèglement climatique, les entreprises cherchent désormais à mieux exploiter ce qu’elles utilisent déjà.
Le potentiel du recyclage est immense. D’ici 2050, il pourrait permettre de réduire ou capter jusqu’à 11 gigatonnes de CO₂ (Drawdown Project).
Pour les investisseurs, cela signifie soutenir des projets industriels innovants dans le traitement, la réutilisation, ou encore la transformation des matériaux, avec une priorité donnée aux modèles « asset light », capables de scaler rapidement.
Des fonds spécialisés comme Schroders Circular Economy proposent une exposition ciblée à ces opportunités, souvent dans des startups ou PME matures.
4- Innovations dans les chaînes d’approvisionnement
Enfin, le dernier axe d’investissement concerne les innovations dans la supply chain. Derrière ce terme technique se cachent des solutions très concrètes : traçabilité des matériaux, transparence environnementale, optimisation des flux logistiques. Grâce à l’IA ou à la blockchain, des startups développent des outils capables d’améliorer la performance des chaînes d’approvisionnement tout en réduisant leur impact.
À partir de 2026, l’Union européenne imposera un passeport digital pour les produits vendus sur son territoire. Cela favorisera les acteurs capables de garantir une information environnementale fiable, tout en luttant contre le greenwashing. L’impact est loin d’être marginal : on estime que la seule optimisation des transports pourrait réduire les émissions de la logistique mondiale de 16 % d’ici 2030.
Retraced en est un exemple, startup spécialisée dans la traçabilité textile, qui a levé 15 millions d’euros en 2024. Ce type de projet incarne les “picks and shovels” de la transition : des outils essentiels à la transformation de tout un secteur.
Kimpa reste à l'avant-garde de cette dynamique, guidant ses clients investisseurs privés vers des opportunités d'investissement à fort impact environnemental et économique.

